Morning Chronicle - Nigel Farage lance son parti anti-immigration Reform UK à la conquête de l'Ecosse

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Nigel Farage lance son parti anti-immigration Reform UK à la conquête de l'Ecosse
Nigel Farage lance son parti anti-immigration Reform UK à la conquête de l'Ecosse / Photo: JUSTIN TALLIS - AFP

Nigel Farage lance son parti anti-immigration Reform UK à la conquête de l'Ecosse

Le chef du parti britannique anti-immigration Reform UK, Nigel Farage, rassemble ses partisans samedi en Ecosse, terre traditionnellement à gauche, où il espère reproduire sa percée nationale et mobiliser à cinq mois des élections locales au Parlement écossais.

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Le champion du Brexit, dont la formation caracole en tête des sondages au Royaume-Uni, prendra la parole à 12H00 (locales et GMT) à Falkirk, ville située entre Glasgow et Edimbourg, où des manifestations pro et anti-immigration se tiennent devant un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile depuis plusieurs mois.

L'époque où Nigel Farage s'était fait chasser d'un pub à Edimbourg en 2013 par une foule lui hurlant de "rentrer à Londres" alors qu'il était venu faire campagne pour son parti d'alors, UKIP, semble loin.

Selon des sondages récents, Reform UK pourrait devenir la deuxième force politique en Ecosse lors du renouvellement du parlement local, Holyrood, en mai 2026.

Il serait largement derrière les indépendantistes du SNP (gauche), qui gouvernent la province, mais devant le Labour (centre-gauche), au pouvoir depuis l'été 2024 au Royaume-Uni, qui a rapidement vu son soutien s'effondrer.

Personnalité clivante, Nigel Farage reste peu populaire en Ecosse, où sept personnes sur dix affirment qu'elles ne voteraient jamais pour lui, selon des chiffres du projet universitaire Scottish Election Study.

Mais son parti "gagne du terrain", selon un sondage Ipsos publié fin septembre: il est porté par le "désir de changement du public écossais, qui estime en majorité que l'Ecosse a besoin d'une nouvelle équipe de dirigeants", souligne Emily Gray, directrice générale de l'institut dans la province.

"Le type d'électeurs que Reform attire en Ecosse est similaire à ceux qu'il a séduits dans d'autres parties du Royaume-Uni: anti-immigration, pro-Brexit et globalement sceptiques envers l'establishment", ajoute auprès de l'AFP Fraser McMillan, maître de conférence à l'université d'Edimbourg.

La formation passerait de 7% des voix lors des législatives de 2024 à un résultat qui pourrait dépasser 20% lors de ce scrutin - qui compte une plus grande dose de proportionnelle.

- Changement de camp -

Reform UK a réussi à éviter le débat clivant sur l'indépendance de l'Ecosse - à laquelle il est opposé -, et met plutôt en avant les thèmes du coût de la vie et la lutte contre l'immigration.

Ce dernier sujet, qui n'était pas perçu comme un "problème clef", l'est devenu aux yeux des électeurs écossais en 2024, et constitue désormais le deuxième sujet de préoccupation derrière l'économie, selon YouGov.

"Je ne me sens pas en sécurité (...) les choses ont beaucoup changé ces dernières années", a déclaré à l'AFP Karen, une retraitée de Falkirk, rencontrée près de l'hôtel accueillant des demandeurs d'asile.

Les grands perdants de la percée de Reform sont les conservateurs, balayés lors des législatives de 2024 et concurrencés par la formation de Nigel Farage sur tout le territoire.

Selon Fraser McMillan, "plus de la moitié des soutiens de Reform" votaient jusque-là pour les Tories, qui ont "cessé d'être une option crédible" après 14 ans au pouvoir au Royaume-Uni.

La formation de Nigel Farage, qui vise la victoire lors des prochaines législatives britanniques de 2029, parvient de son côté à incarner "un vote de contestation contre les partis traditionnels", tout en séduisant des électeurs "socialement conservateurs sur l'immigration", dit-il.

Elle a reçu jeudi la plus importante donation politique faite par un Britannique de son vivant, encaissant neuf millions de livres (dix millions d'euros) de l'investisseur en cryptomonnaies Christopher Harborne.

Les propos polémiques de M. Farage, qui a dénoncé mardi la "destruction culturelle" à l'œuvre à Glasgow, où un élève sur trois "ne parle pas l'anglais comme langue maternelle", continuent toutefois de rebuter.

Pour le politologue John Curtice, il y a une "limite" à la progression de Reform en Ecosse, notamment car ce territoire avait massivement voté contre le Brexit, cheval de bataille de Farage, en 2016.

Très largement incarné par son chef, Reform devra aussi nommer un dirigeant capable d'imprimer localement.

N.Stevens--MC-UK