Morning Chronicle - Athlétisme: Jacobs, une fine "mécanique" confiée à un "chiro" français

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Athlétisme: Jacobs, une fine "mécanique" confiée à un "chiro" français
Athlétisme: Jacobs, une fine "mécanique" confiée à un "chiro" français / Photo: FILIPPO MONTEFORTE - AFP

Athlétisme: Jacobs, une fine "mécanique" confiée à un "chiro" français

Le corps d'un sprinteur est une "mécanique de précision" aux réglages pointus: Marcell Jacobs, champion olympique du 100 mètres, s'appuie notamment sur un chiropracteur français installé à Rome, Renaud Xavier Dejean, pour gérer cette fine horlogerie.

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Lors des Mondiaux de Eugene (Etats-Unis), où il tentera à partir de vendredi de confirmer ses deux titres olympiques remportés à la surprise quasi générale à Tokyo l'an dernier (100 m et 4x100 m), l'Italien pourra compter sur son indispensable "chiro" qui connaît si bien ses muscles, ses tendons et leurs fragilités

Chaque semaine ou presque, l'athlète de 27 ans s'allonge sur la table de travail de Renaud Xavier Dejean, le chiropracteur attitré du Comité olympique italien (Coni), pour une séance de manipulation et d'étirements des bras, des jambes et du dos, pour traquer les éventuels blocages.

Ce travail a débuté en septembre 2019: à cette époque, Jacobs vient d'abandonner le saut en longueur, son autre spécialité, pour se consacrer à la ligne droite, où il tutoie les dix secondes (10.03 en juillet 2019).

"Je travaillais au Coni depuis 2016, après avoir travaillé pour les fédérations grecque et lituanienne d'aviron. Un beau jour, le médecin-chef m'appelle pour me demander de jeter un coup d'oeil à Marcell, qui avait toujours mal au dos", explique le spécialiste à la fine moustache à la Dali, en recevant l'AFP dans son cabinet romain.

- "Physique particulier" -

"On a alors commencé à travailler... Le dos n'était pas bien géré, il était bien bloqué", ajoute le cinquantenaire originaire de Dourdan, en région parisienne, installé dans la Ville éternelle depuis 25 ans.

Diplômé en chiropraxie, discipline soeur de l'ostéopathie visant principalement à traiter des syndromes douloureux vertébraux et des troubles du système musculaire et squelettique, il explique avoir notamment travaillé sur un pouce de pied rigide, "qui empêche une bonne mécanique de tout le reste", et sur des exercices de streching adaptés à Jacobs.

"Il a un physique assez particulier, il est très fort et répond très bien aux exercices techniques, c'est beaucoup plus facile avec lui", décrit le chiropracteur, admiratif notamment de la façon dont l'Italien récupère de ses pépins physiques, comme une récente élongation à une cuisse qui a perturbé sa préparation pour le rendez-vous de Eugene (15-24 juillet).

"On s'entend très bien", confirme Marcell Jacobs à l'AFP. "Je suis venu le voir sur les conseils d'un autre athlète. Et je continue à venir, ça veut dire que tout se passe très bien!", sourit-il, avant de retirer ses chaussures pour s'installer sur la table.

Avec cette "mécanique" entre de bonnes mains, l'Italien n'a cessé de progresser pour décrocher le titre olympique sur 100 m l'été dernier à Tokyo, avec le record d'Europe à la clé (9.80).

- "Triangle de la santé" -

"J'aimerais dire que cette médaille est due à la "chiro", mais on ne peut pas! Elle est avant tout due à lui et à son entraîneur. Mais si tu es souvent blessé, tu t'entraînes moins", reprend Renaud Xavier Dejean, coureur de 1.500 m dans sa jeunesse.

"En +chiro+, on parle du triangle de la santé, basé sur la biomécanique (propriétés mécaniques du corps), la chimie (l'alimentation) et la partie mentale. Si tu as un équilibre, tu peux affronter les choses de façon beaucoup plus sereine", décrit-il, rappelant que Jacobs s'appuie aussi sur un kinésithérapeute, un nutritionniste et une "coach" mentale.

Les chiropracteurs, dont la formation est officiellement reconnue en France et dans plusieurs pays européens mais pas en Italie, se font une place grandissante dans les vestiaires aux côtés des "kinés" et des "ostéos".

Renaud Xavier Dejean, fort de son contrat avec le Coni et de son expérience (quatre Jeux olympiques d'été ou d'hiver depuis Londres en 2012), estime ainsi pouvoir apporter un regard complémentaire, notamment grâce à une connaissance pointue de l'anatomie acquise lors des nombreuses heures passées devant des tables de dissection pendant ses études.

"C'est très différent d'un livre, tu comprends alors comment tout cela bouge... Pour l'analyse des problèmes, ça fait la différence", affirme celui qui a travaillé avec des rameurs, des skieurs ou des plongeurs. "Dans toutes les activités où la biomécanique est sollicitée, il faut une attention particulière à la façon dont bouge le corps. C'est bon pour le sportif comme pour les gens normaux."

R.Baker--MC-UK